Quand l’ARPP défend l’humour dans la publicité

L’ARPP ou Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité est un organisme que les publicitaires connaissent bien (avant, il s’appelait le BVP, pour Bureau de Vérification de la Publicité).

Créée il y a plus de 70 ans, cette autorité indépendante des pouvoirs publics est administrée par les trois professions impliquées dans la production et la diffusion des campagnes publicitaires : les annonceurs, les agences et les médias.

Le dispositif de l'ARPP

Son rôle est de mettre en place des règles éthiques autour du secteur de la publicité. Chaque film destiné à être diffusé lui est ainsi présenté pour que l’ARPP rende un avis qui pourra être favorable (ok pour diffusion), défavorable (pas ok pour diffusion) ou sous la forme d’une réserve (film à modifier avant diffusion).

Et même si le retour de l’ARPP reste un avis qu’il n’est pas obligatoire de suivre, les chaînes françaises refuseront de diffuser votre campagne si vous n’obtenez pas un Ok pour diffusion.

Problème, les règles sont de plus en plus strictes, et les agences et l’ARPP ont parfois une appréciation différente de ce qu’on peut considérer comme diffusable (et les premières désignent ainsi parfois la seconde comme responsable de la baisse de créativité des campagnes) (ce qui est bien commode).

MAIS parfois une nouvelle tombe et rappelle que l’ARPP est un partenaire, pas un ennemi. Et c’est le cas avec sa toute récente réaction suite au mini-scandale qu’a provoqué la publicité pour le Cantal.

« Oublier le Cantal, ça peut être fatal »

« Chantal, t’as pas oublié le cantal ?

La dernière vidéo qui énerve le plus ses détracteurs.

Qui reproche quoi à cette pub (en dehors de la créativité moyenne) ? Qui ? Les Chiennes de Garde. Quoi ? Pour ces féministes, la campagne « banalise la violence machiste contre les femmes » comme précisé dans leur communiqué intitulé « La Meute des Chiennes de garde contre le fromage qui tue ».

Et de rappeler qu’en France tous les deux jours, une femme meurt sous les coups de son compagnon. « Non à la banalisation de la violence contre les femmes ! Non à ce prétendu humour qui prend les femmes pour cible ! »

Je ne suis pas ici pour critiquer leur cause qui est juste et nécessaire, mais on peut tout de même dire ici qu’elles se sont un peu emballées. Leur idée était donc de faire retirer la campagne des ondes, tout en demandant au passage à l’ARPP comment elle avait osé donner son accord.

Il aura fallu un peu de temps, mais la réponse de l’ARPP est tombée. Elle est disponible dans sa version intégrale ici, mais je vais surtout vous donner le paragraphe de conclusion.

Chantal et le Cantal : l’humour encore …

[…]Une nouvelle fois, finalement, se pose la difficile question du l’humour. La seule certitude à ce sujet est qu’il est difficile de faire rire tout le monde sur les mêmes blagues. Il serait évidemment bien plus simple de l’interdire une fois pour toutes pour être sûr de ne plus choquer personne… Une autre option, celle que nous retenons, est de faire le pari de l’intelligence du public et de sa capacité à ne pas tout prendre au degré zéro. Évidemment, elle est plus risquée…

Je ne sais pas pour vous, mais quand un organe de régulation se lâche et rappelle qu’il faut avoir un peu d’humour, ça me donne le sourire (par contre je pense que le ton risque d’énerver un peu nos amies de la meute).

Sources : LCI + la News ARPP.

3 réflexions au sujet de “Quand l’ARPP défend l’humour dans la publicité”

  1. Heureusement que l’ARPP l’ouvre un peu de temps en temps ! Les chiennes de garde de toute façon ne doivent pas trouver un écho retentissant en dehors de la « meute » lorsqu’elles s’insurgent de cette façon contre une pub que tout le monde (faut arrêter de les prendre pour des cons !) ne rendra pas au premier degré !

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  2. bonjour

    pour démontrer que toutes ces publicités sexistes sont faites dans l’humour et bien mettons les hommes dans des positions aussi humoristes que celles des femmes pour vendre une voiture ou autre dans des tenues très dénudés et des prises de vue très rapprochée comme pour les femmes et alors nous verrons si ces hommes trouveront cela très plaisant

    mettons continuellement des hommes nus se dandinant et gémissant et des femmes habillées dans toutes les publicités cela sera très amusant n’est ce pas ?

    BONNE ANNEE 2010

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  3. @marie: Bonjour Marie, en l’occurrence, la pub sur le Cantal ne joue pas sur la nudité féminine.

    Je suis d’accord que certaines pubs versent dans la facilité en mettant en scène des femmes dans le plus simple apparat, mais ça reste minoritaire.

    Après, la pub est un miroir déformant de la société, et elle joue sur des clichés pour parler à tous. Elle ne prétend pas je pense donner des leçons, ou imposer sa vision au monde. Elle présente juste des produits, et le message est à l’appréciation du public. Aucune pub n’est universelle, ce que vous aimez pourra plaire à d’autres, et vice versa.

    Les organismes comme l’ARPP sont là pour s’assurer de la déontologie des agences, pour valider ce qui passe sur les antennes, et pour ne pas laisser diffuser des images contraires à la morale du plus grand nombre.

    Après, sur votre argument de faire des pubs avec des hommes dans la même position, je dirais que ça existe, par exemple pour les pubs de parfums ou de luxe (JP Gaultier, Dolce & Gabbana…). Et l’évolution actuelle des mentalités laisse à penser que cela risque de s’amplifier.

    Reste à savoir si ça sert le propos. Ou si montrer un homme ou une femme nue a un réel impact sur les ventes d’un produit. Ça, il faut le demander à ceux qui achètent les marques.

    En tous cas, bonne année également.

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