Communication anti-drogues – pubs anglaises VS pubs françaises

Le sujet du jour fait écho à l’un des premiers articles de ce blog qui traitait de la communication de santé publique en fonction des pays.

L’actualité publicitaire nous amène en effet deux campagnes, l’une anglaise, l’autre française, qui ont toutes les deux un intérêt créatif et une approche spécifique.

1 – La communication anti-drogues à l’anglaise

Voici tout d’abord deux spots issus de la campagne « Talk to Frank » réalisée par l’agence Mother London.

On commence par du Trash, puisqu’on se retrouve à l’intérieur de la cage thoracique d’un accro à la cocaïne. Le cœur de ce dernier semble avoir un peu de mal, coincé entre les deux poumons… et il finit par lâcher.

C’est le côté obscur de de la cocaïne.

Pour la seconde, nous retrouvons un personnage récurrent : Pablo, le chien Mule.

Dans un des premiers épisodes, Pablo la mule se fait éventrer après avoir rempli son rôle. Il revient ensuite (visiblement empaillé) pour avoir un dialogue surnaturel avec les consommateurs, en les priant notamment de « parler à Frank ».

Tout cette campagne est complétée par un site web plutôt bien ficelé.

2 – La communication anti-drogues à la française

Passons maintenant en France avec la dernière campagne INPES réalisée par l’Agence Leg.

Elle est constituée de 3 vidéos pour 3 drogues différentes. L’idée étant que dans chacune d’elle, un dealer nous dise la « vérité ».

Ici, point de monde idyllique ou d’expérience incroyable, seulement des cauchemars éveillés et de très mauvaises expériences.

Tu veux d’la coke ?

Tu veux du Shit ?

Tu veux d’l’ecsta ?

La campagne est elle aussi accompagnée d’un site où l’on nous propose de débusquer le vrai du faux. La ficelle est parfois un peu grosse, mais ça reste intéressant.

3 – Analyse

On observe deux approches :

– En Angleterre, on se pose en tant qu’observateur extérieur des gens qui se droguent, et l’on mixe des images violentes avec un humour plutôt décalé, tout cela donnant un sentiment mitigé . Ici, plutôt que de vous raconter, on vous montre.

– En France, on se retrouve dans la position du consommateur. Nous avons en face de nous des dealers, et l’idée est de nous expliquer la « réalité ». Le discours va très loin et nous promet les pires expériences possibles (et je trouve un peu dérangeant qu’on mette au même niveau des produits qui n’ont pas grand chose à voir).

Quand je vois ça, j’ai l’impression qu’aucune des deux pistes n’est pleinement pertinente. D’un côté, on la joue un peu trop à la cool (façon trainspotting) pour que ça fonctionne vraiment. Et de l’autre, on essaie de nous faire peur en nous promettant le pire, alors qu’on sait tous que rien n’est aussi simple (tout comme je ne vais pas mourir à coup sûr en prenant le volant, ou je ne vais pas finir en delirium tremens à la première bière).

Bref, ça manque un peu de réalisme. On peut marquer sans être caricatural.

Mais c’est généralement le travers des communications de santé publique. Prenons le sida par exemple. C’est souvent très violent, très marquant, et on fait le focus sur des infos les plus dures en oubliant la globalité et en mettant de côté le discours de prévention et de respect des malades.

Si vous avez un point de vue sur le sujet, n’hésitez pas à échanger dans les commentaires.

2 réflexions au sujet de “Communication anti-drogues – pubs anglaises VS pubs françaises”

  1. L’approche canadienne est similaire à l’anglaise: Tester et regarder les effets le tout avec un ton très décalé.
    Draft FCB Toronto avait reçu un FWA cette année pour le site http://j.mp/1ef90T

    Je trouve tout de même la version canadienne plus effrayante et dissuasive que l’anglaise; mais le problème de l’efficacité se pose toujours, qui va aller sur ce site en réalité?

    Répondre
  2. @Melanie_rm: Bonjour ! Oui, j’avais vu ce site. Je n’étais pas non plus très convaincu.

    Les deux meilleurs exemples de communication de santé publique que j’ai vus dernièrement sont :

    – Français avec « Vous avez un chance incroyable » : http://yurl.fr/adeCT

    – Anglais avec la récente campagne « Don’t text and drive » : http://yurl.fr/adeCV

    Dans les deux cas, j’ai l’impression qu’on ne cherche pas à faire de l’humour ou à prendre des raccourcis. On se met au niveau d’une personne de tous les jours, et c’est cette proximité et cette réalité font que ça marche.

    Mais peut-être que ce n’est pas assez excitant pour des créatifs. Même si le spot sur le tabac prouve le contraire.

    Répondre

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