Dans la publicité, version 2009 – OPUS 1

Je suis souvent frappé du nombre de personnes qui se font un fantasme autour du métier de Publicitaire (ce mot désigne ici les Publicitaires « à l’ancienne », bossant sur des clients nationaux ou internationaux, dans des Agences ayant principalement fondé leur renommée en diffusant leurs idées sur les médias traditionnels : TV, Affichage, Radio). On peut facilement imaginer quelles en sont les origines (place importante de la pub dans la vie de tous les jours & dans l’imaginaire collectif, le phénomène 99 Francs), mais j’aimerais approfondir un peu et aborder la situation actuelle.

Je crois que les Publicitaires d’aujourd’hui font en sorte de cultiver ce fantasme, et ce pour une raison simple : ils savent à quel point leur métier change et devient compliqué et ils ont donc eux-mêmes encore envie de rêver… En effet, leur passion doit affronter des réalités budgétaires de plus en plus sombres (moins d’argent = moins de fun qu’avant), leur créativité s’entrechoque avec des briefs clients de plus en plus contraints et avec une législation de plus en plus ridicule (ex : sous prétexte de « Respect de la personne Humaine », elle surprotège certaines communautés, ce qui a pour conséquences de les faire disparaître des écrans publicitaires, les intégrer demandant trop d’énergie pour un impact mitigé).

Et surtout, la concurrence et les espaces d’expressions ont changé. Les grandes Agences, habituées pendant des dizaines d’années à régner sans partage sur le budget marketing de leurs clients, se retrouvent face à un nombre croissant de challengers, avec en tête toutes les Agences spécialisées Web. Celles-ci profitent d’un boulevard longtemps laissé vierge par les grands groupes publicitaires, et ce pour des causes structurelles (trop grands pour bouger rapidement) et culturelles (des managers et des collaborateurs qui se sont laissés surprendre, persuadés qu’ils étaient que les grands médias resteraient les références).
Stressées, les grandes Agences se démènent donc pour faire parler d’elles, pour tenter de montrer qu’elles sont encore dans la course… Cela donnant naissance à des projets formidables, tout comme à des initiatives néfastes pour le métier… que j’aborderai dans un prochain post.

J’en termine pour aujourd’hui avec 2 choses.

– Une vidéo très connue dans notre secteur, qui décrit avec ironie le fantasme publicitaire (la voix provient d’un spot radio de 2002 de l’Agence Lowe Alice, devenue depuis Lowe Stratéus, et qui est ici mis en forme par un étudiant en montage vidéo).

– Des premières phrases de ce que j’appellerai un « Dans la Publicité 2009« , qui donne mon point de vue sur ce qu’est le métier aujourd’hui.

  • Dans la Publicité, tu es cerné par ton boulot. Tu sors dans la rue, tu vois tes affiches. Tu regardes la Télé, tu vois tes spots. Tu écoutes la radio, tu entends tes spots. Et tu aimes.
  • Dans la Publicité, tu attrapes des torticolis, car tu penches toujours la tête pour lire les signatures des autres agences sur les affiches et dans la presse.
  • Dans la Publicité, tu zappes les programmes, pas la Publicité.
  • Dans la Publicité, tu te prends souvent la tête avec ton conjoint (corollaire à la phrase précédente).
  • Dans la Publicité, tu dis que tu n’es pas influencé par la Publicité. Puis tu t’achètes un iPhone. Et ces nouvelles baskets que t’as vues à la télé.
  • Dans la Publicité, on a tous des titres compliqués, et 10 façons de les expliquer (de toute façon, soit la personne ne comprend pas, soit tu l’endors parce que tu t’es laissé emporter à en parler 20 minutes).
  • Dans la Publicité, il y a beaucoup de smicards. Pas parce qu’on gagne peu, mais parce qu’on bosse 12 heures par jour pour un salaire fixe.
  • Dans la Publicité, les gens te demandent parfois très sérieusement : « Non, mais dans votre métier, vous vous droguez non ? ». Alors déjà, dans la Publicité, on se tutoie t’as vu, et en plus, non, on se drogue pas plus que d’autres (pas plus que toi qui pose cette question au bout de 20 minutes de rendez-vous de prospection).

Si vous voulez compléter la liste, n’hésitez pas à le faire en commentaires, j’éditerai l’article.

3 réflexions au sujet de “Dans la publicité, version 2009 – OPUS 1”

  1. Dans la publicité, il y a les wannabe et les has been. Pas la place pour le présent, sauf chez Nike. « Be Yourself ».

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